![Joseph Hamel](../../images/blanctab.jpg)
Je n'en mets pas sur les grands côtés de la planche; les gravures restant ainsi ouvertes à chaque extrémité, seront fermées à la fin de la construction du sommier, avec une simple bande de papier collée. Cette méthode permet, après la construction de l'instrument, d'intervenir très aisément si une légère fuite, que l'on nomme un emprunt, -toujours indésirable !- se manifeste. Il est alors facile de découper localement la bande de papier pour ouvrir la gravure défectueuse et badigeonner de colle l'intérieur de cette gravure. On évite ainsi une situation qui pourrait paraître dramatique au facteur d'orgue amateur !
La table, les registres et les faux registres.
Je prends ensuite deux planches de mêmes dimensions que la précédente, l'une (planche A) d'épaisseur 1 cm et l'autre (planche B) égèrement plus épaisse (1,5 cm). J'ajoute une troisième planche (planche C) de même largeur mais plus longue d'environ 10 cm. Elle peut avoir une épaisseur plus faible que les autres, de 0,5 à 1 cm.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_9.jpg)
La planche A fermera les gravures et sera collée sur les barres, c'est elle qui constitue la table du sommier. La planche B (la plus épaisse), sera découpée en autant de bandes qu'il y a de jeux sur le sommier. Elle servira à faire les chapes sur les quelles viendront se poser les tuyaux et la planche C, celle du milieu, qui sera, elle aussi, découpée en bandes, servira à faire les registres coulissants et les faux registres. Sur la planche B, je dessine -en utilisant les gabarits de papier décrits précédemment- la place exacte des trous pour les tuyaux (autant de rangées de trous que de jeux). Je superpose avec précision les 3 planches dans l'ordre suivant, à partir du bas : A,C,B. La planche C dépasse les deux autres de 5 cm aux deux bouts. Elle dépasse pour permettre de fixer ultérieurement, d'un côté, une butée au registre et de l'autre, le dispositif de liaison au tirant de registre.
Je solidarise provisoirement les trois planches superposées avec quelques clous assez fins qui seront enlevés après et je perce l'empilement avec un foret de petit diamètre -3 mm - perpendiculairement à la surface des planches, selon le tracé des trous sur la planche B, il y a autant de trous que de tuyaux. Les empruntes des trous sont ainsi précisément établies sur toutes les planches.
Je sépare les trois planches percées en ôtant les clous.
Sur les 3 planches, j'agrandis chaque trou. Je donne un diamètre de 10 mm pour les trous de la première octave, 8 mm pour ceux de la deuxième, 6 mm pour la troisième et 5 mm pour la quatrième octave. Tous les trous sont rendus « propres » à l'aide d'une petite fraise ou meule conique. Après ces opérations, je colle la planche A (dans le bon sens !) sur les barres. Il est indispensable de mettre assez de colle et d'effectuer un pressage par serre-joints pour assurer un collage parfait sans fuite. Comme les gravures ne sont pas fermées à leurs extrémités, il sera toujours possible, en cas de fuite, d'y déposer ultérieurement de la colle à l'aide d'un petit pinceau à long manche. Il faut aussi remarquer que les faibles dimensions de mes sommiers facilite une inspection visuelle de l'intérieur des gravures
La planche B est ensuite découpée en bandes longitudinales pour faire les chapes. Les trous de la face supérieure, qui vont recevoir les pieds des tuyaux, sont fraisés avec une fraise cônique, une petite meule cônique achève la présentation.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_10.jpg)
Trous fraisés de la chape.
La planche C est aussi découpée en bandes longitudinales. Des bandes dont la largeur est égale à celle de la bande correspondante sur la planche B (chape) mais diminuée de 2 centimètres. C'est cette bande qui va constituer le registre et les bandes moins larges restantes seront collées sur la table pour faire les faux-registres entre les quels, les registres vont coulisser. Le dessin ci-dessous illustre la situation pour trois jeux.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_11.jpg)
Les 3 chapes sont représentées par les rectangles hachurés.
Elles proviennent de la planche B ainsi découpée. En bleu clair, on distingue les bandes qui proviennent de la planche C. Les registres sont les trois bandes les plus larges et les faux-registres sont les bandes plus étroites sur les quelles seront fixés les chapes.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_12.jpg)
Découpe des planches B et C.
Les faux registres collés laissent un peu de « jeu » latéral aux registres pour qu'ils puissent coulisser aisément. Avant de mettre en place les registres, je découpe des rondelles percées,en feutrine, que je colle autour de chaque trou sur la table. (Voir photo) Je place ensuite les registres qui vont glisser «à frottement doux» sur la feutrine. Ce procédé permet d'éviter les fuites et les emprunts. Je recouvre les registres par les chapes en disposant, avant, sur les faux-registres des petites bandes de carton pour tenir lieu de cales d'épaisseur et assurer le glissement des registres, sans laisser de fuites. Les chapes sont maintenues par quelques vis dont le serrage contrôlé évite le bloquage des registres.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_13.jpg)
Rondelles de feutrine collées sur la table pour l'étanchéité.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_14.jpg)
La planche ajourée pour le passage du vent dans les gravures. On remarque le papier blanc collé et découpé. 6 soupapes sont en position, elles sont fixées et guidées par des pointes de basculement et de guidage.Les barres collées pour délimiter les gravures.
Construction des soupapes.
Je prends du tasseau de bois bien sec, sans nœud et léger. Je coupe les morceaux qui deviendront les soupapes. À l'extrémité correspondant à l'avant de la soupape, je découpe une fente de 4mm de large et longue de 10mm Cette fente, qui sert pour le guidage de la soupape, est garnie d'une feutrine collée épaisse de 1mm. Comme l'axe de guidage a un diamètre de 2 mm, le frottement, lors de l'ouverture de la soupape, est très doux. À l'autre extrémité, correspondant à l'axe de rotation de la soupape, je perce un trou de 3 mm et sur la majeure partie de l'épaisseur, j'agrandis ce trou avec un forêt de 5 mm (ou j'amincis la queue de la soupape). Le trou de petit diamètre fixe la position de la soupape et la partie agrandie permet le débattement angulaire de cette soupape.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_15.jpg)
Découpe des soupapes.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_16.jpg)
Garniture de la fente de guidage.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_17.jpg)
Guidage des soupapes.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_18.jpg)
Basculement.
La photo ci-dessous montre les soupapes à leur future position.
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_20.jpg)
Soupapes en position
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_19.jpg)
Soupapes
![Joseph Hamel](../../images/sommiers/sommiers_21.jpg)
Guidage de soupapes
Pour achever, je colle sous les soupapes une feutrine et une peau, superposées. L'ensemble garde une souplesse qui évite le bruit de claquement lors de la fermeture de la soupape et la peau assure l'étanchéité. La peau que j'utilise s'achète très facilement sous le nom de « peau chamoisée », il faut la choisir belle, épaisse et uniforme ! Dernière opération, visser à 2 cm environ de l'avant de la soupape un piton pour l'accrochage de la transmission.
Construction des ressorts
Je fais les ressorts avec des tiges de « brox » de 2mm de diamètre. C'est un alliage proche du bronze qui est utilisé pour les brasures par les soudeurs et que l'on trouve assez facilement sous forme de tiges longues de 1 mètre. Leur élasticité mesemble bien adaptée pour la réalisation de ressorts faciles à ajuster pour l'égalisation du toucher de l'orgue. Dans une tige, je coupe trois morceaux (3 tiges de 33 cm). Je fixe solidement, dans un étau stable, un petit cylindre d'acier de 7 mm de diamètre et long d'environ 10 cm. J'enroule, à la main, chaque tige, en son milieu, autour du cylindre en faisant deux tours pour faire la boucle du ressort. Je plie d'un angle voisin de 90° chaque extrémité du ressort en épingle ainsi obtenu et je lime en pointe une des deux extrémités. Le ressort est achevé !
![Joseph Hamel](../../images/laye/laye_2.jpg)
Dans la partie supérieure de la photo, les trois morceaux de 33 cm.
En dessous, les boucles de 2 spires façonnées avec ces tiges.
![Joseph Hamel](../../images/laye/laye_4.jpg)
Les extrémités des tiges ont été coudées et l'une est limée en pointe. Les ressorts sont achevés. |